Interview Michel GORBATKO

Bonjour Michel, pourrais-tu te présenter rapidement ?


J’ai une double formation : Arts graphiques et Infocom ainsi qu’une formation de formateur. J’ai commencé ma carrière professionnelle par la formation, mais dans un tout autre domaine que celui des Arts graphiques.

J’ai débuté comme créatif en agences de pub et de com. Je connaissais Photoshop mais pas du tout Illustrator que j’ai découvert en agence. On m’a dit « Voilà le Mac, personne ne sait se servir du logiciel. Bon courage » A l’époque, nous n’avions pas d’Internet et trouver des livres pour se former était difficile. J’ai donc appris de manière empirique, non sans difficulté.

Après quelques années en agence, je me suis tourné vers un domaine plus technique : l’informatisation d’un groupe de presse. J’étais responsable informatique éditorial.

Mon rôle a été de faire basculer les rédactions, de la maquette traditionnelle avec cuter et colle, à la PAO. A mon arrivée, les journalistes saisissaient encore leurs textes sur des machines à écrire et les maquettistes découpaient leurs colonnes de texte en photocomposition pour les coller sur des gabarits en carton !

Nous avons rapidement rattrapé notre retard et nous avons même pris les devants en recherche et développement. Nous avons d’abord intégré le texte seul dans les maquettes, que les journalistes saisissaient désormais sur informatique. Puis nous avons mis en place un réseau d’acquisition d’images avec des scanners, d’abord en noir et blanc, puis en couleurs. S’en est suivi le flashage des films. La dernière étape a été l’envoi direct à notre imprimeur des pages au format informatique.

Durant cette période, j’ai également assuré des formations internes pour le personnel rédactionnel.

En 1992, nous avons créé le Quotidien du Bourget pour le salon aéronautique. Tout était fait en direct, sur place. Nous avons constitué une petite cellule rédactionnelle composée de journalistes et de maquettistes pour réaliser ce quotidien en 2 langues pendant toute la durée du salon. C’était une première européenne, peut-être même mondiale.

Nous étions en partenariat avec Nikon qui nous prêtait des prototypes d’appareils photos numériques et avec AGFA pour la flasheuse. Tout était fait en flux tendu, ce qui nous amenait bien souvent à livrer les films à l’imprimeur en pleine nuit pour que le quotidien puisse être redistribué le lendemain matin sur le Bourget.

Ensuite, j’ai bifurqué du côté du Web. J’ai refait une formation aux Gobelins à Paris pour m’ouvrir à ces nouvelles technologies. J’ai pris en charge le site d’un producteur audiovisuel en tant que webmaster et chef de projet multimédia.

En plus de « redescendre » les émissions qui passaient à la TV, nous produisions nos propres émissions. Là aussi, nous étions relativement en avance, usant d’animations flash et de la 3d pour concevoir des reconstitutions historiques et des visites virtuelles. Nous avons même fait de la WebTV en direct dès 2000 !

Je suis ensuite revenu vers la formation, d’abord comme responsable d’un centre multimédia en charge de personnes en reconversion professionnelle. J’ai d’ailleurs pu, à cette occasion, tester la formation à distance. Puis je suis arrivé chez Dawan, il y a maintenant un peu plus de 7 ans.

Tu voulais nous parler de la trilogie incontournable de la PAO : Photoshop / Illustrator / Indesign, c’est bien ça ?

Photoshop est né en février 1990. C’est le logiciel de retouche photo par excellence, le couteau suisse de l’image. Son nom est même tombé dans le langage courant : on peut « photoshoper » quelqu’un ! Il s’adresse à un public extrêmement large puisqu’il est présent dans la plupart des domaines professionnels. Il n’a cessé de s’améliorer, multipliant ses compétences d’année en année, sans forcément supprimer des fonctionnalités parfois redondantes. Aujourd’hui, c’est un logiciel véritablement tentaculaire.

Adobe a développé une ergonomie d’interface unique. C’est une de leurs grandes forces. Elle permet de retrouver un côté presque manuel, sensoriel avec l’outil. Pour exemple, j’ai fait de l’aérographe à l’école et quand j’utilise Photoshop avec une palette graphique, je retrouve à peu près les mêmes sensations physiques qu’avec un véritable aérographe : c’est assez bluffant. Beaucoup l’ignorent mais Illustrator est né en 1987, donc avant Photoshop. Au départ il s’agissait d’un logiciel assez technique de création typographique ; c’est aujourd’hui un logiciel d’illustration vectorielle. Il permet de dessiner de façon presque naturelle en bénéficiant de toute la précision et la netteté que peut apporter l’informatique.

On dispose d’outils fabuleux : la plume évidemment, l’outil vectoriel par excellence, mais aussi différentes brosses de pinceaux, des formes de diffusion... Tout un panel d’outils de modélisation et de déformation qui agissent comme les outils réels avec l’avantage de pouvoir zoomer, revenir en arrière, changer facilement d’idées… Et tout modifier !

Illustrator fait un joli pont entre le monde du dessin et celui de l’informatique.

Photoshop et Illustrator sont un peu l’alpha et l’omega de la communication graphique : c’est avec eux qu’on débuté nombre d’artistes de l’animation 3D poussée. Ils sont également utiles en fin de processus créatif pour fignoler un rendu 3D par exemple et rajouter les derniers détails.

InDesign, quant à lui, est né en 2000. Il a réussi le tour de force de phagocyter complètement le marché de la PAO en très peu de temps. Avant lui, XPress représentait environ 95 % de parts de marché en France dans le domaine de la presse magazine et quotidienne. Il n’en représente qu’à peine 1 % aujourd’hui.

Un des grands points forts d’InDesign est sa capacité à gérer la mise en page de magazines mais aussi de gros volumes tels que les dictionnaires ou les annuaires. Adobe a vraiment mis les moyens pour mettre au point ce logiciel et cela se voit. Les développeurs prennent souvent l’exemple d’InDesign pour parler d’un logiciel bien construit. Tout, dans son interface, est scriptable et logique. Il m’arrive régulièrement de tester certaines combinaisons de touches de raccourcis clavier pour mixer deux techniques et de découvrir qu’InDesign l’autorise. Il est devenu incontournable pour faire de la mise en page « print », mais il se tourne aussi de plus en plus vers la mise en page liquide, l’interactivité et le Digital Publishing.

Ce qui est particulièrement intéressant avec cette trilogie de logiciels c’est leur interopérabilité : cette cohérence d’ensemble et cette transversalité, cette même philosophie qui permet de naviguer d’un logiciel à l’autre facilement. Quand on en connaît un, la maîtrise des autres devient naturelle.

Pour faire de la communication « print », on se doit désormais de maîtriser ces trois logiciels sur le bout des doigts. Je ne pense pas qu’on puisse se faire embaucher aujourd’hui dans ce domaine si on n’a pas dans son CV la trilogie Photoshop, Illustrator, InDesign. C’est devenu la pierre angulaire de la PAO ; et dorénavant, grâce à l’ouverture vers le Web, la vidéo, le Digital Publishing, on dépasse allègrement le seul domaine de la mise en page.

Comment abordes-tu tout cela dans tes cours ?

On a mis en place une « pédagogie Dawan ». L’équipe de formateurs salariés travaille de concert pour offrir une cohérence dans les programmes de formation et dans la façon d’enseigner. Cela nous permet aussi d’ouvrir notre pratique de la PAO au web, à la programmation et à d’autres disciplines.

A mon sens, l’avantage indéniable que possède Dawan sur les autres centres de formation, c’est la cohésion des apprentissages. D’un cours à l’autre, l’apprenant retrouvera une ligne directrice qui lui permettra d’éviter l’écueil de discours, de méthodologie et de pédagogie radicalement différents. On assure en effet une continuité logique des formations qui s’enchaînent, une transmission d’informations entre les formateurs et, de fait, un suivi de l’apprenant vraiment efficace. Le collectif ici fait force.

Dans mes cours, la théorie est largement étayée par de la pratique. L’accent est mis sur la conception de documents et, plus généralement, sur les méthodes de travail. Je pense que c’est important, même sur une semaine, de bien comprendre l’environnement et non de se limiter aux seules fonctionnalités du logiciel. J’essaie également toujours de transmettre aux apprenants mes bonnes pratiques, testées et validées en conditions réelles et issues de mon expérience, afin d’éviter les écueils auxquels j’ai dû faire face moi-même au cours de ma carrière. Gain de temps et optimisation du travail pour libérer la créativité !

Bien sûr, les ancrages théoriques sont très importants pour ces formations, quand bien même cela ne représente qu’une demi-journée dans nos programmes. On parle par exemple de lumière et de couleurs, ce qui est évidemment primordial. Or force est de constater que cela est très peu abordé dans les formations initiales en communication.

Enfin, j’insiste sur le fait qu’une formation ne s’arrête pas le dernier jour du stage : les apprenants peuvent m’envoyer leurs questions éventuelles après leur retour en entreprise s’ils se heurtent à des difficultés ou s’ils ont besoin de se voir préciser un point particulier. C’est aussi un moyen très intéressant pour moi d’avoir des remontées d’informations sur leur évolution et leurs progrès. Quelle récompense lorsque, par exemple, une illustratrice « traditionnelle » qui avait suivi un cursus graphique avec moi, m’envoie ses voeux par le biais d’une magnifique illustration vectorielle ! On voit alors les fruits de ce que l’on a semé. C’est clairement notre salaire.

Pour en savoir plus sur nos formations :
- nos formations Photoshop
- nos formations Illustrator
- nos formations Indesign